Une tête de Maure à Moirans

Vue du Jura, la Corse, c’est loin. Pourtant il est une localité partageant au moins un pont commun avec l’ile de Beauté.
Les armoiries de Moirans-en-Montagne représentent une tête de Maure surmontée d’une croix de St André avec une étoile.
Que vient faire l’emblème de la Corse dans une petite cité jurassienne? Il n’y a à priori aucun rapport.
Deux hypothèses expliquent sa présence. Il faut savoir que les villes n’ont commencé à avoir des armoiries qu’à la fin du XIIIe siècle ou au commencement du XIV.
La plupart adoptèrent les armes de leurs seigneurs, ou des armes parlantes, c’est-à-dire, offrant une analogie avec leur nom.
La cité choisit ainsi une tête de Maure, à cause de la ressemblance du nom avec Mauran ou Moyrans ‘anciennes appellations de Moirans)
Cette hypothèse est exprimée dans le dictionnaire des communes de Franche-Comté (1856) qui l’appuie en signalant que, de la même manière, Orgelet adopta trois épis d’orges.
Autre possibilité: « maure » signifierait, dans la langue celtique, »buis », arbuste très présent dans la contrée.  moirans_en_montagne-39    D’or (D’argent) à la tête de Maure de sable; au chef d’azur chargé à dextre d’un flanchis d’or et à senestre d’une étoile à six rais d’argent.

Les gens de Franche-Comté

Quand nous étions la Comté de Bourgogne, on disait de nous « Bourguignons têtus », comme on dit aujourd’hui « Comtois, tête de bois ».
Le caractère ne change pas avec le nom, c’est bien sûr.
Un Franc-Comtois semble vouloir avec ténacité ce qu’il veut. Il met toujours sa volonté en avant. Il vous dira qu’il veut manger, qu’il veut dormir, qu’il veut être malade, etc… pour faire entendre qu’il a faim, ou sommeil et qu’il éprouve quelque malaise de mauvais augure.
Il invoque cette volonté même dans les cas où elle est impuissante à s’exercer.
Vous l’entendez dire, par exemple, qu’il veut gagner, qu’il ne veut pas tomber, qu’il veut bien se guérir tout seul.
Un vieux Comtois murmure encore dans les affres de l’agonie:
« Lâs moi! Je sens bien que je veux mourir! »
Habitués à ruminer leur pensée et à n’agir qu’après mûre réflexion, les montagnards de Franche-Comté sont, en apparence, les gens les plus tranquilles de la terre, les plus bénins et les plus endurants. Il semble que rien au monde ne soit en état de les émotionner, pas même l’imminence de la mort.
« On revient de tout, disent-ils dans leurs proverbes. Il ne faut pas s’émailler (s’émotionner) que si l’on voit sa tête devant ses pieds! »
(Dr Charles-François Alexandre Perron Almanach Comtois)

La course de Port-sur-Saône

Au commencement du siècle, à la foire de Port-sur-Saône, qui était une des plus importantes de la Comté et qui se renait le 13 mai, on pouvait encore assister au spectacle suivant: un jeune homme à cheval tout enrubanné, précédé d’un musicien également monté, parcourait toutes les rues du bourg.
Le premier cavalier tenait à la main , un bâton ou plutôt un pieu garni d’aiguillettes. De temps il s’arrêtait pour crier en patois: »Oyez, oyez, oyez! Nous faisons savoir que demain c’est la plus grande foire de Port-sur-Saône, bourg et Vesoul, château Grillot, château Lambert, Vicomté de Faucogney, « coune Menetrey! » (joue Ménétrier!) et le musicien obéissant à cette injonction, faisait entendre les sons de son instrument qui généralement était un violon.
À midi, nos deux cavaliers faisaient trois fois le tour de la fontaine, puis ils se rendaient à Magny, villa dépendant de la paroisse, mais situé à un bon quart d’heure de Port-sur-Saône, et là, ils faisaient trois fois le tour du four banal.
Ensuite, ils revenaient au milieu de la prairie qui s’étend à l’extrémité du bourg puis, avec les jeunes gens de l’endroit, tous à cheval, ils plantaient solidement en terre le bâton auquel pendaient les lacets. Tous les cavaliers, alors formant une seule ligne à l’extrémité de la prairie, partaient à un signal convenu et couraient ventre à terre pour enlever le bâton. Celui qui y réussissait, devait en outre, atteindra la première auberge de Port-sur-Saône, sans qu’on lui enlevât son trophée. Quand il avait réussi ces deux épreuves, on le couronnait de laurier et on le promenait par le bourg.
Chaque aubergiste lui devait une bouteille de vin et un pain blanc d’une livre. Toutes les marchandise étalées encore après le coucher du soleil, lui appartenaient.
Son cheval pouvait paître toute l’année dans la prairie où il avait gagné la course.
Ce spectacle attirait beaucoup d’étrangers à Port-sur-Saône. bourgogne_portsursaone_rc

L’église de Pesmes

L’église Saint-Hilaire de Pesmes dans le canton du même nom, où elle est signalée comme « église du château » a été érigée entre 1153 et 1178. Seules subsistent de cette période, une travée de l’ancien chœur servant de base au clocher, une partie des murs des chapelles collatérales appuyées sur celle-ci, enfin les parois latérales de l’abside du côté nord.
Cette église fut presque entièrement reconstruite entre le dernier tiers du XIIIe siècle et le premier quart du XIVe siècle.
De nombreuses constructions viendront compléter l’ensemble: le porche flanqué de deux chapelles à la fin du XVIe, le clocher reconstruit après l’incendie de Pesmes du 22 septembre 1773, qui détruisit, outre une soixantaine de maisons dans le bourg, la toiture de l’église, enfin des chapelles à l’architecture remarquable qui valent à elles seules, la visite de l’édifice.
Deux d’entre elles, véritables chefs-d’œuvre de la Renaissance, retiennent l’attention du visiteur.
La première, la chapelle de Saint-Sépulcre fut érigée de 1554 à 1559, aux frais de l’échevin Catherin Mairot et de sa femme Jeanne Le Mayne et décorée par l’atelier des Le Rupt. Ses parois sont garnies de boiseries Renaissance du XVIIe siècle et elle est fermée par une clôture sculptée dans la pierre de Sampans pour les pilastres, dans l’albâtre pour les chapiteaux.
Même si cette chapelle a vu son mobilier dispersé dans toute l’église, elle a gardé son esthétisme au même titre que la chapelle d’Andelot, décorée entre 1557 et 1563 pour Pierre d’Andelot, abbé de Bellevaux qui résidait à Pesmes.
Ce dernier la destinait à lui servir de chapelle funéraire ainsi qu’à son frère Jean d’Andelot, bailli de Dole, qui venait de mourir, connu pour sa blessure par Henri IV à la bataille de Pavie au moment où il faisait prisonnier le Roi de France.
La chapelle toute entière, est décorée à l’antique , de pierres de Sampans, qui apportent à l’ensemble, une très grande richesse décorée entre autres par le tombeau des d’Andelot avec deux statues, celle de Pierre en costume d’abbé cistercien et celle de Jean en armure drapé dans une manteau de chevalier, attribuées au sculpteur Claude Lullier.
L »église Saint-Hilaire, qui a vu ses tombeaux et autels des bas(côtés, disparaitre à la Révolution , a bénéficié d’une excellente restauration dans les années 1944-1948, ce qui la place au tout premier plan dans l’art comtois de par la permanence des influences bourguignonnes dont elle a bénéficié tout au long de son histoire. 34214415

Boulettes épicées de bœuf au comté (france-bleu)

Ingrédients pour 4 personnes et 16 boulettes: 500g de viande de bœuf hachée, 100g de comté taillé en petits dés, persil et coriandre hachés (1/2 botte de chaque), poivre, sel et cumin (1/2 c à café de chaque), huile d’olive.

Dans un saladier, bien mélanger la viande avec les herbes, le sel, le poivre, le cumin.
Former de grosses boulettes.Ouvrir en deux chaque boulette et y insérer un ou plusieurs dés de comté et refermer soigneusement chaque boulette.
Versez un filet d’huile d’olive dans une poêle de manière uniforme.
Servir très chaud avec, une poêlée de carottes au cumin par exemple.
Vins: Arbois rouge, cépage Trousseau ou sancerre blanc

Gâteau du barbizier

Barbizier, vigneron de Battant, est historiquement le personnage emblématique de la crèche bisontine, fut aussi un almanach image mais surtout est un gâteau.

Ingrédients: 6 œufs – 170 g de sucre – 120 g de farine – 120 g de cacao – 400 g de chocolat amer – 35 cl de crème fraîche. Sirop : 120 g de sucre – 20 cl d’eau – 10 cl de rhum.

– Travailler avec un fouet au coin du feu ou au bain-marie les œufs entiers avec le sucre, durant 15 mn. Il faut que cette pâte « fasse ruban » au bout du fouet.
– Battre à nouveau jusqu’à refroidissement. Mêler délicatement avec la farine et le cacao tamisés.
– Dresser dans un moule beurré et fariné, cuire à four chaud moyen (180°) durant 20 mn. Sortir et laisser refroidir.
– Faire fondre au bain-marie 400 g de chocolat amer. Mélanger à la crème fraîche.
– Préparer un sirop avec le sucre et l’eau.
– Ouvrir le biscuit en deux, imbiber de sirop et de rhum, le fourrer avec la crème au chocolat, reconstituer le gâteau et le recouvrir également de crème au chocolat. – Saupoudrer avec des paillettes ou des vermicelles de chocolat.gateau-fourre-a-l-angelique-et-gelee-de-groseilles

La Dame blanche du château de Montbéliard

Comme dans beaucoup de château de France et de Navarre, celui de Montbéliard était autrefois hanté par une dame blanche.3
On dit qu’à chaque fois qu’un habitant du château allait mourir, elle apparaissait et poussait d’étranges cris qui faisaient froids dans le dos.
Cette dame Blanche serait en fait le fantôme de la comtesse Agnès.Une mère indigne qui aurait jadis égorgé ses deux propres enfants.
devenue veuve très jeune,elle avait une fille de deux ans et un garçon de trois ans. Une vraie charge pour elle. Car toujours jeune et belle, elle avait envie de refaire sa vie, de se remarier. Elle avait des opportunités mais elle s’était persuadée que ses enfants étaient des obstacles.
Un jour, on lui rapporta les paroles du comte Nuremberg: « Je m’unirais volontiers
à cette belle femme si quatre yeux n’y étaient pas! »
Quatre yeux! ceux de deux personnes donc…
Le comte évoquait en fait les yeux des père et mère de la veuve, très présents dans sa vie
Mais elle crut qu’il s’agissait de ses deux enfants; Il ne pouvait en être autrement. Alors aveuglée par la passion amoureuse, elle sacrifia les deux malheureux. Elle tua ces innocents pour refaire sa vie!
Pourtant, informé de la tragédie, le comte n’épousa pas la jeune femme. Celle-ci, fut alors prise d’affreux remords. Elle ne pouvait vivre avec le meurtre de ses enfants sur la conscience.
Elle décida de se rendre à Rome, pieds nus, en pèlerinage, pour expier ses crimes, mais en chemin, comme une punition divine, elle mourut à son tour.
On dit que depuis, son fantôme reviendrait hanter le château de Montbéliard, pas n’importe quand, mais à des moments bien précis de l’existence, à chaque décès plus précisément. Elle pousserait des hurlements de douleur face à la mort qui lui rappellerait sans aucun doute ses propres crimes, commis par erreur et totalement inutiles.

Quelques expressions franc-comtoises

« Affreux »: incroyable, insensé. S’emploie aussi bien au sans négatif que positif
« C’est affreux comme c’est cher! » « Affreux comme ce film m’ plu! »
« Argale »: vaurien, bon à rien. (connais pas ce mot)
« La Claude, on peut pas lui faire confiance, c’est une vraie argale »
« Banquiller, bancaler »: boiter, mal équilibré: « Cette chaise est bancale »
« Devantier »: nom donné au tablier porté jadis par les paysannes. Cette pièce du costume traditionnel comtois était souvent dotée d’une poche ventrale.
« Freguiller »: frétiller, tortiller: (très courant) « Pendant le frai, les poissons frequillent de partout » » Le chien est content, regarde comme il frétille «
« Joume »: nom donné à la mousse d’un liquide, par exemple le lait: Après la trait, il y a de la joume dans le seillot »
« Ligousse »: la langue. Tirer la ligousse: être dans la gêne, avoir des difficultés financières. (connais pas)
« Meule »: il fait froid; « Affreux aujourd’hui comme ça meule! je suis gelé! »
« Niaque »: avoir la hargne. le courage: « Il avait une telle niaque, il a surclassé tous ses adversaires. »
« Paquet »: beaucoup, en grande quantité. » À la foire , il y avait un paquet de monde ».
« Ravoir »: reprendre possession de quelque chose, parvenir à remettre en état quelque chose « Ravoir une tache sur un vêtement. »
« Se ravoir » :reprendre son équilibre, reprendre haleine, retrouver ses esprits: « j’ai glissé mal heureusement j’ai pût me ravoir à la rampe de l’escalier »
« Torcher »: essuyer quelque chose pour le nettoyer. Exécuter un travail sans soin, à la hâte.
« Vourie »: tapage, vacarme: » les jeunes gens ont fait la vourie toute la nuit du nouvel an. »

Croûte au Mont d’Or

Ingrédients pour 4 personnes: 1 mont d’or, 4 tranches de jambon fumé, 25 cl de vin blanc, 2 oignons, 4 tranches de pain de campagne, sel et poivre.

Mettre le vin blanc dans un plat et faire imbiber les tranches de pain.
Disposer les tranches au fond du plat,
Déposer une tranche de jambon sur chaque tranche de pain.
Couper en fines lamelles les oignons et les mettre sur les tranches de jambon.
Couper le fromage en fine lamelles puis les disposer sur chaque tranche.
Saler et poivrer.
Mettre au four 20 mn.
Servir avec une salade.61417737_p

Jules Germain Lacroix, le Jurassien qui inventa la boite à camembert.

C’est dans une foire à Lyon, en 1890, que Jules Germain Lacroix, artisan à Bois-d’Amont, aurait aperçu un camembert placé sur de la paille. Aussitôt lui serait venue l’idée de créer une boîte pour y placer le précieux aliment. Ainsi serait né le rovan, terme vernaculaire désignant la boîte à fromage en bois.lot-de-6-petites-boites-camembert
Ce nouveau produit bénéficia de tous les savoirs et savoir-faire du passé, notamment ceux qui étaient liés à la réalisation et au montage de la boîte à pharmacie. Les premières boîtes à fromage étaient circulaires.
Au milieu des années 1960, une matière première nouvelle va venir détrôner le bois d’épicéa comme matériau de fabrication : le carton. Parti de Normandie, ce mouvement va s’étendre à Bois-d’Amont dès 1964. Plus qu’un simple changement de matière, l’arrivée du carton va complètement bouleverser le système de production de boîtes à fromage, faisant appel à des techniques et des savoir-faire totalement différents : la matière première arrive déjà prête, imprimée, et seul le massicot intervient avant le montage. D’artisanale, la fabrication des boîtes devient désormais, et de façon irréversible, industrielle : des machines à sertir et à coller, entièrement automatiques, sont mises au point permettant d’augmenter considérablement la productivité.
En 1997, un seul atelier continuait à fabriquer des boîtes à fromage en bois de manière artisanale. Sa principale production était celle des boîtes à Mont d’Or.