Aux environs de Faucogney, il existe un hameau qui se trouve bien favorisé par les nymphes vosgiennes: c’est Rouge-Vie. Douze jeunes filles charmantes y viennent avec leurs jolies quenouilles égayer la soirée sous le chaume. Délices de ces rustiques réunions, on les respecte trop pour se permettre de leur demander le secret de leur origine et quand elles se retirent, ce qui arrive toujours exactement à minuit, elles ne souffrent point que les jeunes garçons les reconduisent jusqu’à leur mystérieuse demeure.
Mal advint à un curieux de la troupe qui eut, une certaine nuit, la témérité de les suivre secrètement et qui, arrivé sur un plateau de la montagne nommé la Planche-aux-Belles-Filles, les avait vues se souhaiter la bonne nuit, les unes aux autres, et entrer chacune dans un arbre. On assure qu’il n’en porta pas loin le châtiment, car trois jours après, l’étourdi montagnard, ayant monté sur un pin de leur forêt pour recueillir de la poix, fit une chute à se rompre le cou. (Croyances te traditions populaires en Franche-Comté)